Aujourd'hui, lorsque l'on pense à Drancy, on s'imagine la petite commune située en région parisienne, avec ses grands immeubles mais également ses quartiers plus aisés, son hôtel de ville et ses petites places. Malgré tout, c'est une ville qui est riche en histoire et qui possède un passé douloureux. C'est dans cette jolie petite agglomération que l'on trouvait, à partir de 1941, un camp d'internement pour prisonniers juifs qui étaient ensuite envoyés dans des camps de concentration, comme celui d'Auschwitz.
Ce sont environ 63 000 Juifs qui ont séjourné à Drancy avant d'être envoyés en Pologne via les wagons à bestiaux où ils étaient entassés, sans pitié. Le camp d'internement s'étalait sur l'actuelle Cité de la Muette : en effet, c'était un emplacement idéal puisqu'il regroupait de nombreux appartements (où seul le gros oeuvre avait été fait, les immeubles étant en construction) ainsi qu'une grande cour extérieure. Les immeubles de cette cité sont d'ailleurs encore debout aujourd'hui, logeant des centaines de Drancéens qui, pour certains, ignorent totalement l'histoire de leur chez-eux et l'horreur qui s'y est produite.
Ces logements sont réquisitionnés dès 1940 par l'armée allemande mais, en premier lieu, pour y interner les prisonniers de guerre. Ce statut évolue bien assez vite, et, dès 1941 et les premières grandes rafles, Drancy devient l'un des camps d'internement de Juifs les plus utilisés. Puis, avec la mise en place de la Solution Finale sous les ordres de Heinrich Himmler, ce camp finit par se transformer en camp de transit avant la déportation des prisonniers vers l'Est. La grande majorité des personnes déportées de France passaient par Drancy, qu'elles proviennent de région parisienne ou de l'autre bout de la France. C'est d'ailleurs le 27 mars 1942 qu'aura lieu le premier départ d'un convoi pour Auschwitz, emmenant plus de 1100 innocents, hommes, femmes et enfants compris. Il sera suivi par 62 autres convoi à destination d'Auschwitz, de Majdanek, de Sobibor, du Neuvième fort en Lituanie (uniquement le convoi 73), et un seul à destination de Bergen-Belsen.
Drancy devient alors la première étape de la déportation. Neuf Juif arrêté sur dix passent par ce camp avant d'être envoyé vers l'Est. Les conditions de vie de ce lieu d'internement sont dures : certes, beaucoup moins que dans les camps de concentration (puisque les prisonniers n'ont pas à travailler comme ils devront par la suite, et ceci jusqu'à l'épuisement), mais la nourriture se fait tout de même rare et les policiers chargés de la surveillance du camp sont très souvent très violents et agressifs. Il règne donc à Drancy une atmosphère de peur omniprésente et une appréhension grandissante concernant les voyages sans retour des convois.
On a tout de même pu retrouver une quantité importante de lettres écrites depuis ce camp, témoignages qui nous éclairent sur la vie que l'on y menait. Déjà, cela signifie que l'on permettait aux prisonniers d'écrire à leurs proches ainsi que de recevoir des réponses voire même des colis. Bien sûr, chaque lettre était consciencieusement analysée par les gardiens du camp avant d'être remise mais cela restait un contact avec le monde extérieur et avec la vie. Contact qui sera totalement perdu avec le départ des prisonniers pour l'Est. C’est d’ailleurs probablement l’une des raisons qui fit que l'on nomma ce camp "l'antichambre de la mort".
Crédit photo : L'album d'Auschwitz, Serge et Beate Klarsfeld
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